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Contestation, huile sur toile, Florence de Fremond.
Culture

Carnet de route d'une française en temps de grève londonienne.

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17/06/2009

48h de grèves présageaient un chaos surprenant dans la capitale britannique.
A l’origine du trouble survenu mardi 9 juin dans la soirée : les revendications sociales du syndicat des transports ferroviaires et maritimes de Londres.
Mythe, légende ou discours bienveillant pour faire passer la pilule de la paralysie gréviste : on dit en France que la cessation volontaire du travail, justifiée par des revendications  sociales et salariales, donne l’occasion aux parties revendicatives d’instaurer un dialogue avec le reste de la population .Bien souvent malheureusement, le mécontentement des non-grévistes prévaut sur cette belle pensée communicationnelle.
C'était donc perdu d'avance, quand la française que je suis, et d’autant plus ici, dut établir un délicat abouchement avec un agent des transports londoniens.  Je trépignais  dans la station Clapham Jonction, agitée et énervée comme on peut l’être dans un tel cas d’hémiplégie urbaine. Je ne savais comment détourner l’attention  de cet auxiliaire du trafic londonien, afin de passer outre les barrières de sécurité et de m’engouffrer dans le dernier train en partance pour Victoria . Un tel tour de force aurait garanti mon salut en ce jour de doléances syndicales.
«  Eh, vous ! ». Je sentis dans cette interpellation une injonction à  stopper mon élan enthousiaste.
« Oui, monsieur l’agent ? ». Et dans mes quelques mots , le cop repéra d’emblée mes origines franchouillardes .
«  Vous êtes française ? ». Je ne pus qu’acquiescer. Et lui de renchérir  en gesticulant :
«  Si vous êtes française, vous devez savoir ce que c’est que la grève ! AUJOURD'HUI - GREVE – NO TRANSPORT - INTERDIT PASSER BARRIERE ».  En moins de temps qu’il ne le faut pour dégainer un passeport en douanes, mon accent m’avait  trahi et je fus instantanément auréolée  du label de française protestataire, drapée du fanion de la CGT et scandant des slogans à tue-tête : "CPE/CNE- Qui sème la misère - Récolte la colère ! 
Résignée comme tous ces londoniens, le nez dans les derniers « LondonPaper » chiffonnés, je m’en fus  rejoindre le mouvement grégaire des files d’attentes pour l’autobus.

Assise au fond du car, entre cette femme à la couenne malodorante et ce jeune homme, somme toute pas si mal au deuxième coup d’œil , je me laissai à spéculer silencieusement sur les grévistes…
Et pourquoi pas permettre la gratuité des transports publics, qu’on nomme aussi la grève de «  la pince » ?! Les usagers retrouveraient le sourire, la continuité du service minimum serait assurée ( ce qui n’existe pas en Angleterre), et les grévistes deviendraient des héros ! La pression faite sur le gouvernement serait beaucoup plus efficace puisque la grève serait appuyée par l’opinion publique. Je redescendis de mon nuage, car voilà une bonne idée jetée aux oubliettes par un arrêt de la Cour Européenne des Droits de l’Homme  datant du 17 juillet 2007. En effet, l'image impopulaire du gréviste sert à la machine étatique qui noie le poisson sur  la  « contrariété » des usagers  . Au village sans prétention , les grévistes ont donc mauvaise réputation. Pour conquérir l’opinion publique d’aucuns se défendent de partir en croisade syndicale au nom de l’intérêt général, ce que Henri Vaquin nomme « les grèves par procuration ». Taratata ! Fais un pas en avant, service public si , en 2007, tu as soutenu un régime commun de retraite pour tous tes concitoyens ! 

Une voix m’interpella, m’arrachant de ma rêverie. Le beau jeune homme (que j’avais affreusement oublié) sollicitait mon plan de Londres. Le hasard le fit descendre à mon arrêt et la suite le fit monter dans mon estime. Il avait l'air un peu perdu et je me sentis obligée de l’accompagner sur un petit bout de chemin…Je regardai  ma montre : 11h30! Etait-ce bien raisonnable d’aggraver mon retard ? Mon élan spontané de serviabilité était-il justifié, au regard de cet inconnu, qui nonobstant m'avait l'air fort sympathique?
Le problème se résumait surtout à quelle excuse trouver ? Qu’à cela ne tienne !Pas ma faute, c’est la grève aujourd’hui !
 

COMMENTAIRES:

16/07/2009 - marie.presswell a dit :

Un mouvement syndical ou les passagers ne paieraient pas leur billet ne ferait pas beaucoup de difference,car la majorite des usagers du metro ont une travelcard (payee bien chere d'ailleurs! ) a la semaine, au mois, a l'annee.
Une action qui ne derange pas n'obtiendra jamais de bons resultats.
Une discussion entre le patronnat et les employes est toujours la meilleure solution pour regler les problemes.
Dans le cas ou ca n'aboutit pas a un accord, la greve est un droit pour lequel nos anciens se sont battus.Et ce, dans le monde entier.
Je comprends bien le desir de ne pas vouloir etre derange, mais il faut accepter parfois de l'etre.
Le temps parfois d'ecouter ce que les gens revendiquent.

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