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Bernard-Henri Lévy
Culture

Bernard-Henri Lévy, des peshmergas et un soupçon de pathos

By Manon Variol
14/07/2016

Bernard-Henri Lévy est comme la sauce Marmite : il fascine autant qu’il agace. Le philosophe, écrivain, réalisateur et intellectuel divise l’opinion française avec ses discours et son attitude. Son dernier documentaire, Peshmerga, procure le même sentiment. Ce film saisissant donne aux téléspectateurs l'occasion de découvrir l'Irak derrière la ligne de front de Daech. Des scènes frappantes, mais rapidement affadies par les commentaires épuisants du réalisateur.

Il arrive dans la salle de projection du Royal Geographic Society de Londres comme on le voit toujours à la télévision : sa chemise à moitié ouverte, ses cheveux à moitié coiffés et son ego à moitié dissimulé. Le 11 juillet, Bernard-Henri Lévy présentait son documentaire pour la première fois au Royaume-Uni, à l'occasion d'une soirée organisée par The Hexagon Society, dont il est le président d'Honneur. Quand l'homme arrive, la pièce se plonge dans le silence. Celui que l'on appelle BHL introduit son film en expliquant qu'il a fait de nombreux rapports de guerre, mais "aucun n'était aussi déchirant que celui-ci."

Peshmerga traite du combat entre les soldats kurdes et Daech en Irak. BHL et son équipe se sont rendus sur la ligne de front des Monts Sinjar. Ils ont accepté de filmer les événements à une condition : qu'ils aient accès à tout, sans censure. Le documentaire offre des images remarquables de la bataille entre peshmergas et extrémistes, au plus proche des échanges de tirs.

Pour Bernard-Henri Lévy, les soldats de l'Etat Islamique sont
Pour Bernard-Henri Lévy, les soldats de l'Etat islamique sont "des lâches"

Le message que transmet Bernard-Henri Lévy est simple : "Nous nous battons tous pour les mêmes valeurs. Nous avons fait face à une défaite commune. Faisons maintenant face à une victoire commune contre l'extrémisme !" clame-t-il, agité dans son fauteuil rouge. Avec l'attitude d'une star hollywoodienne, il fait la morale aux gouvernements européens. "Quand on veut, on peut" scande-t-il. Le film cherche à faire agir les chefs d'Etat contre Daech et supporter les soldats kurdes. Un message qui aurait pu très bien passer si BHL n'avait pas autant fait appel au pathos.

Même s'il est peu visible dans le film, Bernard-Henri Lévy est omniprésent. Il commente d'une voix maladroite des actions qui s'expliquent d'elles-mêmes. Il soulève des questions qui semblent évidentes en regardant les images. Et il tente de jouer avec les émotions en utilisant des musiques dignes des plus grands blockbusters américains tout en parlant de "l'innocence assassinée" en Irak et des gouvernements du monde entier qui ne réagissent pas. On a compris : la guerre, c'est mal.

On oublie fort heureusement les commentaires quand l'équipe sort un drone pour survoler les territoires ennemis. Des séquences glaçantes apparaissent, celles de villages rasés par les bombes et abandonnés par leurs habitants. On comprend alors, en regardant ces vidéos inédites, la situation catastrophique de milliers de migrants fuyant pour sauver leur vie et celle de leur famille.

Il faut bien reconnaître à Bernard-Henri Lévy un certain courage. Même si l'on se demande comment il est a réussi à atteindre le front en costume, au milieu des soldats en tenue de combat... Néanmoins, des peshmergas sont morts sous les yeux de l'équipe de tournage, et l'un de leurs caméramen a été grièvement blessé lorsque le camion dans lequel il se trouvait a roulé sur une mine. Et le philosophe montre une image des soldats de l'Etat Islamique que l'on ne connaissait pas : invisible. A chaque fois que les peshmergas allaient de l'avant pour les affronter, les extrémistes reculaient. "Nous avons construit le mythe d'un Etat islamique invulnérable", affirme Bernard-Henri Lévy après la diffusion. "Ce que nous avons vu, c'est une armée de lâches, de soldats faibles qui sont courageux lorsqu'il s'agit de décapiter les otages agenouillés, mais fuient quand il faut combattre."

Peshmerga est un superbe documentaire historique montrant les difficultés qu'affrontent les Kurdes face à Daech. Ils combattent ensemble comme s'ils avaient été choisis. Hommes, femmes, jeunes comme vieux, les Kurdes risquent leur vie pour protéger le monde de l'extrémisme. Ce film donne un nouveau regard sur la guerre entre peshmergas et extrémistes, et nous ouvre les yeux sur cette "bataille commune" des pays les plus puissants du monde contre l'Etat Islamique. Il est fortement conseillé de le regarder, ne serait-ce que pour découvrir cet Irak stupéfiant et inquiétant. En bref, BHL nous livre un film qui serait parfait... s'il n'y avait pas BHL.

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