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Politique/Economie

Brexit : un dilemme européen

By Quick Martin
12/07/2016

Pendant les deux prochaines années, les diplomates et dirigeants du Royaume-Uni et de l'Union Européenne négocieront les termes du Brexit. D'un côté de la table, le représentant britannique, quel qu'il soit, protégera les intérêts du Royaume-Uni, tel que l'accès au marché unique. Face à lui, les négociateurs de l'UE devront faire un choix : jouer au gentil ou au méchant flic.

Si beaucoup au Royaume-Uni ont voté "Leave", c'était non seulement pour rejeter une bureaucratie européenne et un establishment politique, à Bruxelles et à Westminster, mais aussi pour limiter l'immigration et retrouver leur souveraineté. Et ce qui aujourd'hui inquiète les leaders européens est que cet anti-establishment se répand bien au-delà des frontières britanniques. 

Car le continent connaît une montée d'euroscepticisme : les électeurs de plusieurs autres pays partagent l'inquiétude de millions de Britanniques face à l'idée d'une "Union toujours plus étroite", ayant pour but d'harmoniser les politiques des Etats membres pour resserrer l'UE.

Même au sein des Etats membres les plus puissants de l'UE, le rejet d'un projet européen devient de plus en plus courant : en France, plus de 60% des électeurs en ont une opinion défavorable. Au Pays-Bas, un référendum, censé servir d'indicateur général de l'opinion sur l'Union Européenne, a révélé une profonde fracture entre l'avis de l'élite politique et celle de l'électorat dans son ensemble.

Malgré l'autisme politique des leaders de l'UE (souvent accusés d'être totalement déconnectés des inquiétudes des électeurs européens), ils sont bien conscients de la montée de l'euroscepticisme. Les partis anti-UE sont de plus en plus populaires dans presque tous les Etats membres et ont démocratiquement infiltré le Parlement européen. 

A la suite des élections europénnes de 2014, le Front National, UKIP, et le Parti de la Liberté d'Autriche sont quelques uns des nombreux mouvements populistes ayant leur siège au Parlement de Strasbourg. Leur présence s'est souvent révélée irritante et déstabilisante. C'était par exemple le cas des discours de l'ancien président de UKIP Nigel Farage et de la présidente du Front National Marine Le Pen juste après le vote du Brexit.

A première vue, les négociateurs européens devraient jouer aux méchants flics avec leurs homologues britanniques. Les chefs de l'Union Européenne se montrent déjà intransigeants envers le Brexit en affirmant leur volonté de sortir le Royaume-Uni de l'UE et en ne laissant pas aux négociateurs britanniques l'opportunité de sélectionner les termes d'un potentiel accord sur le Brexit. 

En se montrant bien plus sévère avec le Royaume-Uni dans les négociations, l'UE veut faire du Brexit un exemple des possibles conséquences d'une sortie de l'Union pour dissuader les eurosceptiques.

Cependant, les leaders européens pourraient choisir de ne pas suivre cette voie. Premièrement parce que prendre fortement position contre les négociateurs britanniques ternirait la réputation de l'UE, celle-là même qui a dû faire face aux coups portés par les partis eurosceptiques dont elle essaie de limiter l'influence. 

L'Union Européenne a déjà été critiquée pour son rôle dit dominant et "autoritaire" dans la gestion de la crise grecque, quand elle a tordu le bras du gouvernement grec pour faire passer de force des mesures d'austérité. Une même approche pour négocier le Brexit pourrait se retourner contre les leaders européens.

Les négociateurs de l'UE pourraient aussi être découragés de ce rôle de méchant flic par les grandes entreprises du marché avec le Royaume-Uni. Pour l'instant, les exports de l'UE vers le Royaume-Uni sont plus nombreux que les imports, et la différence augmente d'année en année. De plus, 16% de biens et services européens sont exportés vers le Royaume-Uni. Ce qui est le double des exports vers la Chine.

Les principaux bénéficiaires de ce marché sont donc les entreprises européennes - les constructeurs automobiles allemands, les viticulteurs français, etc. Elles luttent contre les tarifs et autres barrières commerciales (quotas, lois...) qui nuiraient aux accords entre le Royaume-Uni et leur pays respectif. 

Markus Kerber, PDG de BDI
Markus Kerber, PDG de BDI

Markus Kerber, PDG du lobby industriel BDI (Fédération de l'industrie allemande), a affirmé qu'instaurer des barrières commerciales entre le Royaume-Uni et l'Allemagne, voire même l'UE, serait "absolument insensé".

Les craintes de Mr Kerber et de nombreux autres hommes d'affaire européens pourraient avoir une influence sur la position des négociateurs de l'UE quant aux discussions avec le Royaume-Uni, puisque ce dernier cherchera avant tout à protéger ses intérêts grâce à ce puissant outil qu'est le lobby.

Il y a de nombreux lobbyistes à Bruxelles. Près de 30.000 d'entre eux vivent dans la capitale belge et jouissent d'une influence considérable sur la législation et les décisions sur l'énergie, la technologie, la diplomacie et bien plus. Sous la pression du monde des affaires, les députés et autres représentants européens doivent se mettre d'accord sur les demandes des grandes entreprises européennes, ou au moins les prendre en considération. 

S'agissant du Brexit, les négociateurs européens devront donc trouver un équilibre entre les conséquences politiques et économiques d'un accord avec le Royaume-Uni. D'une part, la Commission européenne et de nombreux leaders européens veulent une discussion ferme avec le Royaume-Uni afin de dissuader les continentaux eurosceptiques de suivre la même voie. D'un autre côté, on leur demandera de protéger et de garantir le libre-échange entre le pays et l'UE. Après avoir totalement chamboulé la politique britannique, le Brexit n'a pas fini de faire des dégâts.

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