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The Artist
Culture

Le cinéma français a-t-il un truc en plus ?

By Jon Davies
28/04/2016

La semaine dernière, j'ai demandé aux nouveaux étudiants d'un cours où j'enseigne le cinéma français ce qui rendait les films français si spéciaux. Je n'ai pas été surpris par leurs réponses. Le groupe était composé de personnes d'âges, de nationalités et d'histoires différents, et il y a pourtant eu consensus : ils ont tous trouvé les films français intelligents, innovants, avant-gardistes, réfléchis et stimulants. Comme d'habitude, je les ai prévenus que pour un The Artist, il y a une pléthore de films qui ne seront jamais montrés à Cannes et ne sortiront jamais de France. Mais ils avaient raison : ceux qu'on voit ici à Londres font partie des meilleurs films du cinéma international. 

Bande-annonce de 'The Artist'

Marion Cotillard in La Môme
Marion Cotillard dans La Môme

Leur opinion sur le cinéma français dépend fortement du nombre très restreint de films choisis par les distributeurs britanniques, qui est lui-même régi par le nombre de salles de cinéma présentes sur le territoire. A Londres, il n'y a tout simplement pas assez de salles pour montrer tous les films produits dans le monde, et seuls une quarantaine de films français atteignent les écrans londoniens chaque année. Les distributeurs n'ont en effet d'autre choix que de sélectionner les films qui vont faire vendre des tickets : ils prennent tout d'abord en compte des critères comme le nombre de prix remportés par le film, la réputation du réalisateur et les acteurs principaux. Mettez Marion Cotillard, Catherine Deneuve ou Gérard Depardieu à l'affiche, et les chances de distribution du film sont largement multipliées. Ajoutez à cela un réalisateur comme Jacques Audiard ou les frères Dardenne (oui, je sais qu'ils sont belges) et les chances de voir le film projeté au Royaume-Uni sont encore bien plus élevées. Et malgré le développement du cinéma à la demande et des DVDs, ce sont toujours les films projetés au cinéma qui reçoivent les critiques et la publicité. Donc, étant donné que notre aperçu sur le cinéma étranger est (et a toujours été) largement limité à ce qui est considéré comme les meilleurs films, comment se fait-il que les films français dominent largement le marché des films non-anglophones au Royaume-Uni ?

Il y a à cela des raisons évidentes. Tout d'abord, la France dispose de l'une des industries du cinéma les plus puissantes au monde. Sa taille est comparable à celle de l'industrie britannique, mais l'hexagone a une demande tellement élevée pour les films francophones qu'il pourrait presque se contenter de sa propre production. Les studios britanniques sont certes prolifiques, mais dans quelle mesure Star Wars est-il britannique ? Avec plus de 200 films produits par an, la France peut aisément financer ses studios, labos, théâtres de doublage, entreprises d'effets spéciaux et tout l'attirail nécessaire à l'industrie du film. Par ailleurs, la France peut se vanter d'avoir l'un des meilleurs systèmes de formation aux métiers du cinéma au monde, et dispose d'un important réseau de techniciens. 

Une seconde explication découle naturellement de la première : le talent des comédiens français. Depuis les années 1930, quand les films sonores ont fait leur apparition, le cinéma a donné naissance à de nombreux acteurs brillants, offrant ainsi la possibilité aux réalisateurs de choisir leurs têtes d'affiche parmi une importante sélection de visages... et de faire naître de véritables stars qui ont significativement contribué à l'essor de l'industrie. Dans les années 30, le public vénérait Gabin et Arletty, puis s'est pris d'admiration pour Delon, Bardot, Moreau, Belmondo, Debbouze, Huppert et bien d'autres. Ces acteurs ont été suivis par tellement de fans qu'ils ont permis aux réalisateurs de prendre des risques, et c'est cela même qui fait toute la fraîcheur du cinéma français. Ainsi, Isabelle Huppert aurait pu s'assoir confortablement sur le succès de La Dentellière en choisissant des rôles dans sa zone de confort, mais elle a préféré travailler avec de nouveaux réalisateurs sur des projets avant-gardistes, comme par exemple Amour, White Material, Ma Mère ou Amateur

Bande-annonce de 'La Dentellière'

Mais est-ce une coïncidence ? Pas vraiment. Les Français ont toujours considéré le cinéma comme un art méritant et les intellectuels les plus créatifs estiment que le cinéma constitue une utilisation appropriée de leurs talents. Pensez par exemple à Jean Vigo, Jean Renoir, Marcel Carné, Jacques Prévert ou Jean Cocteau qui ont initié une tendance, contribuant à mener de nombreux grands génis créatifs vers les studios de cinéma. L'intelligentsia britannique est parfois assez dédaigneuse envers le cinéma par rapport aux arts du spectacle, alors qu'en France dès les années 30, l'écrivain Marcel Pagnol choisissait de se tourner vers le cinéma pour toucher un public plus large. Les Français sont même allés jusqu'à qualifier le cinéma de 'septième art', en signe de reconnaissance pour son mérite au même titre que la danse, la musique et les 4 autres arts quels qu'ils soient. 

Cette reconnaissance et ce talent se sont accompagnés d'un enthousiasme de la part du public. Les cinéphiles français sont certes attirés par les grands blockbusters américains (et par Ken Loach !), mais ils sont restés fidèles aux stars de leur pays. 

Une troisième explication primordiale tient au soutien dont bénéficie l'industrie cinématographique française de la part de l'Etat. Que ce soit le Général De Gaulle soutenant la remise en état du Napoléon d'Abel Gance, Nicolas Sarkozy demandant au réalisateur Xavier Beauvois d'organiser une projection spéciale de son film Des Hommes et Des dieux à l'Elysée ou encore Alain Juppé convoquant son cabinet pour voir La Haine, il y a toujours eu de la part du monde politique français un franc respect pour le cinéma (et je ne parle pas ici de l'affection toute particulière de François Hollande pour Julie Gayet...). Ce respect se matérialise concrètement par la mise en place de lois d'imposition favorables et de subventions pour la production cinématographique, les cinémas et les festivals, ainsi qu'une bataille constante pour protéger les films européens face aux grands studios hollywoodiens. 

Bande-annonce de 'Des Hommes et des Dieux'

Une quatrième et dernière raison pourrait être avancée pour expliquer la fraîcheur et la réputation du cinéma français : son ouverture aux influences extérieures. Les principales influences viennent du cinéma francophones des autres pays - la Belgique et le Canada en particulier - et n'oublions pas que Jean-Luc Godard est suisse. Mais de manière plus générale, il y a toujours un flux de talents vers la France : d'une part, de nombreux réalisateurs internationaux tels que Losey, Polanski ou Hitchcock ont choisi de travailler en France, et d'autre part certains des meilleurs réalisateurs français sont parvenus à conquérir Hollywood. Pensez notamment à Jeunet avec Alien: Resurrection. Les films français sont peut-être très inspirants pour les professionnels du cinéma étrangers, mais ils acceptent aussi de se laisser influencer. 

Bien évidemment, j'aimerais que les cinémas britanniques projettent davantage de films français. Mais ceux qui nous parviennent sont vraiment de bonne qualité ! 

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Jon Davies enseigne le cinéma français au Morley College de Londres et donne régulièrement des conférences ouvertes au public (plus d'informations ici).

 

COMMENTAIRES:

08/05/2016 - writers_reign a dit :

Speaking as someone born and bred in England and passionate about French cinema, which I consier to be the finest in the world, I agree with most of what Jon Davies has to say. Whenever I am offered the opportunity to 'leave a comment' on this site and the topic is related to French cinema I will do so approximately 90-95% of the time, even now I write after attending a screening-cum-discussion at Cine Lumiere on Tavernier's A Sunday In The Country.
I would also like to use this forum to register disgust at the way the PR for the new release Florence Foster Jenkins appear to be doing everything in their power to erase the French treatment of the same story, Marguerite, from existence; Meryl Streep is everywhere on the media promoting FFJ which is fair enough, it's probably part of her contract but NOWHERE - to my knowledge - has Streep or indeed anyone connected with FFJ even acknowledged that Marguerite exitsts - it was given a handful of screenings at Cine Lumiere in March and then sunk without trace despite winning FOUR Cesars, including Best Actress. Catherine Frot, who plays the eponymous Marguerite has no need whatsoever to take a back seat to Streep, she is equally talented, equally versatile and also an accomplished stage actress - she recently took a three-year sabbatical from film acting to work in the theatre in, among other things, the work of Samuel Beckett. This is not the first time a distinguished French film has been ripped off. Chabrol's 1988 entry The Story OF Women (Une affaire de femme) was ripped of by Mike Leigh in Vera Drake. There's a bizarre connection between the two rip-offs. Chabrol based his film on the TRUE story of a REAL woman who was, in fact, the last woman in France to be executed in France via the guillotine. It happened in the second world war and the woman's crime was performing abortions on French women who had been made pregnant by German militia. Mike Leigh transplanted the story from France to England and moved the time-frame forward to the 1950s whilst Marguerite did the reverse, taking the TRUE story of a REAL person, Florence Foster Jenkins, transplanting it from America to France and moving the time-frame Backwards to the 1920s (Jenkins hired Carnegie Hall in the 1940s).
Although fictionalized it is crystal clear that Marguerite Dupont is based on the story of Florence Foster Jenkins and this is more or less acknowledged when, towards the end of FFJ Streep is shot from behind, standing centre stage wearing an outsized pair of feathered 'angel' wings, replicating a scene from Marguerite.
It is, I think, important to distinguish between a rip-off - as in the two examples above - and a remake and here again other countries, primarily Hollywood, fail to equal let alone eclipse the French originals. I will concentrate on only a handful of examples beginning with Duvivier's Pepe Le Moko, which was remade not once but twice in the 1940s, initially as 'Algiers' and a couple of years later as 'Casbah' (to be fair the latter, a musicalization, did have a fine score - For Every Man There's A Woman, What's Good About Goodbye, It Was Written In The Stars - by Harold Arlen and Leo Robin. Duvivier was hired by Hollywood to remake his masterpiece Un Carnet de bal, but the result, Lydia, was mediocre at best. Duvivier suffered yet again when his La Fete a Henriette was butchered into Paris When It Sizzles. One of the biggest disasters was the Prevert-Carnet Le Jour se leve, which emerged from Hollywood as The Long Night. Even the great Billy Wilder was not immune to remake disaster and it's a great shame that Buddy, Buddy, his remake of Francis Veber's L'Emmerdeur turned out to be his final film. Veber himself, who later moved to Hollywood, was hired to remake his own Le Fugitifs, which also turned out to be a damp squib. One that I find particularly annoying is the henri Decoin-Daniell Darrieux gem Battement du coeur which turned up in 1946 as Heartbeat with Ginger Rogers, then 34, playing the teenager that Darriex played at 22. I'll leave it there having, I hope, illustrated that excellent French films don't travel well in terms of remakes. I would argue that French films continue to be popular because cgi, sequels, and technology inn general play a minimal part in their cinema, whereas actors, stories and strong production values remain paramount.
D

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